Les principes et les bases de
l’horoscope
Les grecs disposaient de tous les éléments essentiels au calcul d’une carte du ciel : planètes, zodiaque, maisons et aspects (distance
angulaire entre deux planètes).
Ils assimilèrent les planètes à des divinités. Mais ils s’efforcèrent de définir les signes et les planètes qu’ils percevaient comme des
forces naturelles au moyen de la théorie des quatre éléments : Feu, Terre Air, Eau, plus proche d’une physique. Selon Empédocle d’Agrigente, chaque
substance présente dans l’univers serait composée de ces éléments, dans une combinatoire variée. Et apporte bien sûr les qualités élémentales : chaud, froid, humide
et sec.
Saturne devient " l'étoile de Cronos ", Jupiter celle de Zeus, Mars celle d'Arès, Vénus " l'étoile d'Aphrodite ", Mercure celle d'Hermès, le
Soleil " l’étoile d’Hélios et d’Apollon " et la Lune " Séléné, Artémis ou Hécate " selon ses phases.
Quant au zodiaque, les grecs reprirent le bestiaire babylonien. La découverte de la précession des équinoxes permit de bien définir les
quatre signes Cardinaux qui introduisaient les solstices et équinoxes, et de considérer le zodiaque comme un cycle annuel de la nature. Les signes au centre des saisons étaient les signes Fixes, le cœur de la
saison, alors que le dernier mois était un signe Mutable de transition.
Pythagore, qui considérait lui aussi la Terre comme un globe gravitant avec d'autres planètes autour du Soleil, concevait le nombre comme le
principe ultime de toute proportion, ordre et harmonie dans l'univers. Il soutenait que la triade est harmonieuse. La succession des douze signes Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge,
Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons, fut ventilée sur chaque élément Feu, Terre, Air, Eau sur un rythme ternaire. Ce qui donna : Bélier, Lion, Sagittaire au Feu,
Taureau, Vierge, Capricorne à la Terre, Gémeaux, Balance, Verseau à l’Air et Cancer, Scorpion, Poissons à l’Eau.
Le cycle du zodiaque (les 12 signes), reprend la succession
Feu, Terre, Air, Eau, à partir du Bélier premier signe de Feu, jusqu'aux Poissons, dernier signe d'Eau.
Les Grecs estimaient que les signes avaient des relations privilégiées avec les planètes, ce qui donna la théorie des maîtrises et des
dignités planétaires. La planète maîtresse d’un signe, parce qu'elle y exprimait au mieux ses qualités, était dite en Domicile. Dans le signe opposé à son domicile, la planète était
en Exil, son influence était entravée. La planète pouvait être aussi dans une position favorable, l’Exaltation (système de domiciliation hérité des babyloniens), ou dans le
signe opposé à son lieu d'Exaltation, elle était dite en Chute parce que freinée.
Un second cercle se superposait au cercle du zodiaque. Sur ce cercle figurait l’horizon oriental (lieu de lever des planètes), l’horizon
occidental, lieu de coucher planétaire, le Milieu du Ciel (culmination à midi) et Fond du Ciel, (culmination à minuit). Il permettait alors d’entreprendre une astrologie individuelle fondée sur
l’instant de naissance. Puis des quatre lieux de Lever, Midi, Coucher et Minuit une subdivision par deux de chaque quadrant amena le nombre de lieux à 8, puis par trois, à 12. C’était le
cercle des maisons qui correspond au mouvement diurne de la rotation de la Terre autour de son axe.
En adoptant le système des signes cardinaux, fixes et mutables, les maisons devinrent Angulaires (Lever, Midi, Coucher et Minuit),
Succédentes (maisons II, V, VIII, XI) et Cadentes (III, VI, IX, XII). La signification des 12 maisons, conçues par paires d’opposés est celle que nous connaissons : I : Moi, VII autrui, IV vie
familiale, X : vie publique etc…
Le glissement vers une astrologie « individuelle » est assez flou. Le premier horoscope personnel qui nous soit parvenu date de 419
av. JC. L’astrologie telle que la pratiquèrent les Grecs puis l’occident médiéval apparaît comme la synthèse de l’astrologie magico-religieuse babylonienne et de la science astronomique des
Grecs.
Les Grecs reprirent aussi le système des Parts (d'origine babylonienne et égyptienne, mais appelées Parts Arabes) basé sur la distance
angulaire entre deux planètes, reportée en plus ou moins à partir de l’Ascendant, (ou d'une maison, ou d'un astre). Ce système complexe servait à définir des qualités et des particularités qui
n'apparaissaient pas au moyen des signes, planètes, maisons et aspects.
Ils avaient également déterminé les Nœuds lunaires, qui sont les points d’intersection des orbites lunaires et terrestres.
Il ne manque plus que le dernier élément de l’ensemble pour que le système soit achevé et corresponde exactement à l’astrologie
traditionnelle telle que nous la connaissons et la pratiquons aujourd’hui : les aspects planétaires.
Les angles entre deux planètes reposaient eux aussi sur la doctrine pythagoricienne de l’harmonie des formes en fonction des nombres. Le
chiffre deux était jugé maléfique, le 3 bénéfique, et le 1 dépendant de la nature des astres en relation. Ainsi les distances angulaires de 90° et 180° étaient mauvaises, 60° et 120° favorables
et les écarts de 0° parfois bons ou négatifs selon les planètes en conjonction.
Un thème natal ou horoscope était dressé en fonction des tables d’éphémérides qui permettaient de calculer la position des planètes dans le
zodiaque et les lieux de Lever (Ascendant), Midi, Coucher et Minuit.
L’interprétation du thème natal ou
horoscope
Il y avait principalement deux grandes méthodes d’interprétation :
1 - Une méthode issue de l’astrologie égyptienne qui considérait le zodiaque comme un élément fondamental avec des particularités et
caractéristiques propres. Ce système reposait sur les maîtrises, exaltation, dignités, et autres domiciles en décans.
Par exemple : l’astrologue tirait un pronostic de la position de Jupiter au 28° du Bélier, dans le décan de Vénus, dans le signe de domicile
de Mars et dans le lieu d’Exaltation du Soleil. Ce système est actuellement tombé en désuétude.
2 - Le second système, plus babylonien, défendu par Ptolémée, tenait compte des planètes et de leur position en signe et surtout de leur
position relative à l’horizon et au Milieu du Ciel et aux aspects des planètes entre elles.
Claude Ptolémée (v. 100 - 170 après JC) sut rassembler
toutes les connaissances astrologiques de son époque, dans divers livres dont le Tetrabiblon (ouvrage de référence astrologique pour tous les astrologues et
l’Almageste, (manuel astronomique et géographique qui resta l'ouvrage de référence jusqu’à la Renaissance. Mais il s'appuya sur la théorie selon laquelle la Terre était
fixe, et qu'autour d'elle gravitait l’univers.
Les deux connaissances : astrologique et astronomique, y sont nettement séparées. Ptolémée
était tout autant attaché à la typologie et caractérologie qu’à l’art des prévisions individuelles ou générales (événements publics). Il avait une vision plus rationnelle de l’astrologie, qu’il
s’agisse d’astrologie horaire (carte astrologique du moment où un problème est posé) ou généthliaque (individuelle) comme le montrent ses aphorismes :
· "Tout jugement établi par un Astrologue doit être le résultat de son intuition et de sa science. En effet, personne ne peut annoncer les
particularités d’un événement sans le secours de la Science, puisque l’esprit ne peut concevoir les choses d’une façon générale et non sous une forme réellement particulière."
· "L’astrologue habile et sagace peut combattre les effets des influences du ciel, de même le laboureur expérimenté peut combattre la mauvaise
nature d’un champ, en l’améliorant par la culture."
· "Lorsque Mercure se trouve dans une maison de Saturne, et fortifié par aspect, il dénote une intelligence, curieuse, réfléchie et philosophique.
Placé dans les maisons de Mars, et particulièrement dans le Bélier, il donne la faconde et l’éloquence."
· "Quand on établit un horoscope pour un jour ou une heure quelconque, afin de connaître le résultat supposé, cet horoscope sera favorable, s’il
concorde avec celui de la naissance de la personne. Mais s’il se trouve contraire, il ne faut
s’attendre à aucun profit, quand bien même l’horoscope en question paraîtrait favorable."
Ptolémée nous permet de mieux comprendre l’apport rationnel des Grecs à l’astrologie proprement dite. Il écrit ceci : " au milieu du
ciel ou au lieu qui lui succède, elles (les planètes) ont davantage de force ; mais après, leur puissance est grande lorsqu'elles sont à l'horizon et au lieu qui lui succède. Mais elles peuvent
beaucoup, surtout à l'horizon oriental, moins cependant au Fond du ciel ainsi qu'au Descendant ". Cette règle d’or de la valorisation des planètes angulaires sera utilisée au cours
de l’histoire puis démontrée récemment par les chercheurs modernes (Gauquelin).
Il y avait également une astrologie médicale fondée sur les correspondances entre l’organisme humain et les signes du zodiaque et les
planètes.
Cet autre aphorisme de Ptolémée en est un exemple : " Quand la Lune se trouve dans le Scorpion ou dans les Poissons, on peut prendre une
purgation avec profit, pourvu que la Planète, maîtresse de l’ascendant, se trouve en conjonction ou en aspect avec une autre planète placée au dessus de l’horizon. Si, au contraire, le maître de
l’ascendant se rencontre avec une autre planète située sous l’horizon, la potion absorbée sera rejetée par le malade." etc.
Au Bélier, la tête, au Taureau le cou, aux Gémeaux les bras, et ainsi de suite en descendant le zodiaque et l’organisme jusqu’aux Poissons
correspondant aux pieds. Les remèdes reposaient sur les principes de sympathie et d’antipathie à la planète à l’origine de la maladie.
Les plantes, minéraux et animaux avaient des correspondances sympathiques et antipathiques avec les signes du zodiaque et les
planètes. Selon la maladie, l’horoscope et l’heure du traitement, diverses médications étaient prescrites. Galien jeta les bases d’une médecine astrologique qui perdura jusqu’au Moyen Age.
Il y avait aussi une astrologie magique dérivant de l’astrologie égyptienne qui servait aux
charmes et sortilèges.
Tout ce système astrologique sera récupéré par les Romains, dans son ensemble, et sans modifications notables, à part la romanisation des
noms des planètes.
Sources : Denis Guedj – La chevelure
de Bérénice
Denis Labouré
Wikipedia